Pingu #4: Des myriades d’arphides (Ceux qui nous veulent du bien)

Embourbé que j’étais dans une multitude de projets passionnants mais chronophages, j’en ai oublié de signaler la publication de ma dernière nouvelle en date, « Des myriades d’arphides », dans l’anthologie Ceux qui nous veulent du bien parue aux éditions de La Volte, en collaboration avec la Ligue des Droits de l’Homme. On est censé la trouver dans toutes les bonnes librairies, voire même dans les mauvaises, comme la Fnac par exemple.

Une escapade dans un monde où les puces RFIDs (ou “arphides”) pullulent, pour le meilleur et pour le pire. Un questionnement sur la technologie, la notion de vie privée et de médias, d’activismes et de hackers, avec un personnage dont l’évangélisme révolutionnaire reflète étrangement la récente figure de Julian Assange.

Extrait :

Le mode par défaut se chargea : une couche de réalité augmentée bon marché. Il bascula en mode arphide, activa l’affichage de debug et regarda autour de lui. Des fils colorés apparurent dans les airs et se multiplièrent à mesure que ses lunettes récoltaient les données. L’intensité des ondes électromagnétiques pulsait au rythme de la fréquence du capteur, encore invisible.

Des traces rayonnaient depuis tous les arphides autour de lui : les moniteurs de santé des puces répartis dans la pelouse, les capteurs de pollution des arbres, et tous les gobelets en papier, emballages de sandwichs et paquets de cigarettes entassés dans les poubelles. Des arcs-en-ciel de données brutes s’échappaient des passants, révélant des détails sur le moindre élément qu’ils portaient.

Peu à peu, les rais se solidifièrent pour exposer un point de convergence sur le mur gris d’une petite hutte de béton, juste au-dessus de la porte des toilettes pour femmes.

Beaucoup on vu dans l’appel à texte de cette anthologie une invitation à la mise en garde anti-technologique. C’est un trait qui en ressort et qui a été relevé, souvent à regret, par un certain nombre de lecteurs. Je reste pour ma part relativement perplexe quant à ce négativisme conservateur, surtout de la part d’un milieu sensé fantasmer le futur. Sans prendre ce recueil comme un échantillon représentatif, je m’interroge sur la relation entre cette vision et une propension de la SF française à rechigner à adopter le futur proche comme terreau de création fertile et à y cultiver du sense of wonder.

Un sujet de discussion à creuser et des pistes à explorer pour la suite.

Ceux qui nous veulent du bien

Faits divers amusants :

  • Il s’agit en fait d’une traduction d’un texte écrit en anglais à l’origine.
  • Frédérique Roussel a plutôt aimé le texte et le dit dans Libération. Ailleurs, certains ont aimé et d’autres pas, et c’est tant pis.