O-bon à Kyūshū, partie 4 (Aso-san, SF et fin)

Il n’y a pas de douches dans le ryokan. Il y a un onsen. Vide, puisqu’il est 6h30 du matin et que tout le monde dort. Moi aussi. La baignade matinale fait donc appel à d’ancestrales compétences d’auto-guidage à en ébahir un somnambule. Mais il faut bien ça, afin de redescendre à temps à Beppu pour retrouver Sam et prendre le train de 8h, direction Aso-san.

Cratère-pâturage

Aso-san, soit le Mont Aso. Oui, -san comme dans Bob-san (Monsieur Bob), mais ce n’est pas le même kanji. Par ailleurs, il faudrait donner la fessée au premier touriste qui s’est cru suffisamment futé pour traduire 富士山 (Mont Fuji) par “Fuji-yama”, puisque la prononciation correcte est “Fuji-san”. 山 se lit bien “yama” dans certains cas, mais, manque de pot, pas celui-ci. Bref, lors de votre prochain dîner huppé, impressionnez vos amis en plaçant “Fuji-san” dans la discussion ; effet garanti.

Paysage et caldeira

Depuis Aso-san, on surplombe aisément les plaines alentour, piquetées de bois et de rizières, qui rejoignent les bords de la large caldeira (plus de 20km de diamètre) du volcan. Au delà de ceux-ci, le dégagement s’étend loin, plus loin qu’il m’a été donné de voir depuis mon arrivée au Japon. Le paysage habité de la seule nature rappelle, par opposition, celui terrifiant des toits tokyoïtes qui s’étendent à perte de vue. Pour un Suisse, et peut-être plus particulièrement encore un Lausannois, on conserve un besoin irrépressible de surplomber la vue. C’est maintenant chose faite au Japon.

Cratère

Le volcan lui-même se décline en plusieurs parties. Pendant la montée en bus, on traverses des plaines d’herbes où broutent des vaches nippones, qui arborent fièrement sur leur flanc un numéro, en kanji. Des chevaux, et un petit lac, un peu plus loin. Au sommet, qu’on rejoint à l’aide d’un téléphérique, le cratère. D’épais nuages de fumée blanche s’en échappe, avec au fond une surface bleuâtre figée. La roche est exposée ici, comme pour témoigner de la violence potentielle des éruptions explosives qui peuvent y prendre place. Les minéraux arborent des couleurs multiples, ocres, jaunes-souffre, blanches-craie.

Plaine de sable noir

En s’éloignant quelque peu de l’épicentre touristique qu’est le cratère, on se retrouve vite seuls au milieu d’une plaine de sable noir, une ambiance lunaire qui rappelle les étendues extra-terrestres d’Islande. Le calme est reposant, mais le soleil s’impatiente et il est bientôt temps de redescendre, à pied cette fois.

Un donburi et vingt minutes de bus plus tard, je reprends le train pour Fukuoka, après avoir dit au revoir à Sam, qui repart essayer quelques onsen supplémentaires à Beppu.

Un conseil: si vous comptez passer à Fukuoka, réservez une chambre à l’auberge Khao san. En plus d’être bon marché, elle est gérée par des japonais très sympas. Ce soir-là, soirée spéciale okonomiyaki et takoyaki, offerte à tous, un joyeux mélange de japonais, coréens, et touristes de tous horizons: Canada, France, Angleterre, USA et même… Zürich! Une soirée internationale sympathique pour clôre — déja — ces vacances courtes mais intenses.

Avant de s’allonger pour de bon, un dernier tour au centre de Fukuoka avec un Londonien pince-sans-rire, et un dernier sake.


Le lendemain, retour sans encombre, hormis le léger désagrément d’avoir englouti les dernières pages de Harry Potter avant les deux heures et demie de shinkansen. Et comme on est au Japon, inutile d’acheter le journal. Il ne reste donc plus qu’à passer le temps en griffonnant des lignes de ce récit.

Patrick Gyger et Nakano-san

Pas tout à fait terminé puisque ce vendredi soir-là, j’ai rendez-vous pour soûper avec Patrick Gyger. Non, pas celui de Gruyère (avec un i), mais celui qui vient d’Ailleurs et en est même le directeur (avec un y). Accompagné pour l’occasion de Mario Del Curto (le photographe notamment auteur de l’expo des “Mondes Miroirs“, bientôt au Japon), ainsi que Nakano-san, le passe-partout japonais infatigable qui leur aura servi de guide, et qui nous aura en appris plus sur le Japon en une soirée qu’une semaine de Wikipedia forcé. Sans parler des gourmandises inconnues mais délicieuses qui nous seront servies dans les izakaya visités!

Une soirée différente, quoiqu’à nouveau intense et sympathique, mais qui se termine suffisamment tôt pour allouer quelques heures de repos avant le lendemain, 11 août, date du Summer Sonic Festival à Ōsaka!

Roches de volcan
Téléphérique
Paysage, Sam et moi