Au matin, un petit tour à Canal City, le gigantesque complexe qui rappelle plus Discovery Land qu’un centre commercial, avec ses façades colorées, ses fontaines et décorations rétro-méchaniques — influence Jules Verne. En vrac, un amoncellement de cinémas, magasins de bibelots, cafés, village à ramen, etc.
Moins effrayants, deux temples au nord-est de la ville, le premier (Shōfuku-ji) tout en jardins zen, stèles, petit pont et arbres impeccables, le second (Tochō-ji) plus classique, mais abritant le plus grand Bouddha de bois du Japon. Il faut savoir qu’au Japon, chaque monument est “le plus grand/gros/lourd/vieux/haut/bas du Japon” ou “du Monde”. On s’y fait, à la longue.
Un bon gros bol de ramen et un plat de gyōza plus tard, c’est sur le train pour Beppu que je reprends ma lecture du dernier Harry Potter (merci Amazon). Je feuillette aussi le Lonely Planet pour repérer un logement abordable. Malgré la période estivale, il n’est pas trop difficile de trouver un hôtel, auberge ou ryokan sur place. En revanche, il faut pas mal de patience et de cartes prépayées pour réserver une chambre par téléphone, puisque l’hôtelier nippon moyen ne parle pas anglais. Pour une fois, mes maigres bribes de japonais me tirent bien d’affaire!
La petite ville de Beppu se niche en bord de mer à l’est de Kyushu. Elle est dotée d’une petite plage pire que quelconque et de digues élégamment hideuses. Car si les gens affluent à Beppu, par des journées à plus de 30°C, c’est uniquement pour se ressourcer dans ses bains chauds, les fameux onsen, alimentés par des sources naturelles. Disséminés un peu partout dans la ville, je ne peux m’empêcher, malgré la chaleur déjà étouffante, à en essayer un premier, le takegawara onsen.
La chaleur ambiante disparaît rapidement une fois plongé dans le bain à 42°C. L’eau trouble dégage une faible odeur de souffre, rien de bien dérangeant.
En contraste avec le respect strict de la vie privée à l’extérieur, chacun s’expose nu sans gêne dans les onsen. Bien que la plupart soit séparent hommes et femmes, certains étrangers n’en sont pas moins choqués. Mais pas les japonais (ni les suisses entraînés au sauna, d’ailleurs), pour qui il s’agit d’un rituel quotidien tout à fait naturel. Les gestes automatiques soulignent l’habitude des autres occupants: on se savonne vigoureusement, se rince d’un coup de seau d’eau sur le dos, et repart habillé de sa seule petite serviette dûment essorée.
Un peu difficile de se sécher, par contre, quand on continue à transpirer longtemps après le bain, dans la moiteur ambiante du soir. Le soleil une fois couché, il ne reste plus qu’à vaquer dans la ville à la recherche de quelques yakitori à se mettre sous la dent.
La ville est calme, inhabituellement calme après quelques mois passés quasi-exclusivement à Ōsaka. Une brise légère disperse la canicule. L’air est presque frais au bord de la mer, près de la plage noire d’où s’échappent les jets dorés et anonymes d’une poignée de feux d’artifices.