När jag ska bli stor, jag ska bli en Macintosh.
(Quand je serai grand, je serai un Macintosh.)
Comme mentionné dans un précédent post, le cours de Computer Graphics se terminait par un projet à choix complètement libre. Avec une suédoise et deux suisses allemands, on a donc choisi de réaliser un toolkit permettant de réaliser des scènes 3D animées à l’aide de fichiers XML (lire la description). Nom de code: Zarbee. Dit comme ça, cela ne semble pas forcément très excitant pour le non-informaticien moyen, mais le résultat est pour une fois suffisamment visuel pour surprendre les moins intéressés.
Après plusieurs dizaines d’heures de programmation, interrompues par nos divers voyages, fêtes et examens, il était temps de présenter le projet vendredi 29 avril, à 10h du matin. Le moteur de scène lui-même était prêt relativement tôt, mais nous avions décidé de concocter une petite surprise supplémentaire: une animation sur fond musical (AKA demo) de plus de 3 minutes. Bien que les 4 personnes de l’équipe travaillaient dessus intensivement toute la dernière semaine, on a pas failli à la tradition en la terminant le vendredi, à 5h30 du matin. Certes, organiser le premier barbecue de l’année le jeudi soir n’a pas forcément accéléré le travail, mais il faut aussi savoir faire des pauses…
Miraculeusement, et malgré les deux maigres heures de sommeil, la présentation se déroulera parfaitement bien et clouera sur leur siège le professeur et les autres groupes présentant leur projet ce même jour. Parmi ces autres projets, deux seront toutefois aussi impressionnants: un simulateur de poker en 3D et un FPS avec un système de portails très avancé et un niveau graphique superbe. Pour ce qui est de notre projet, nous sommes en train de préparer des releases propres (pour GNU/Linux et windows) du moteur et de la demo. [Mise à jour du 3 janvier 2013: le code source est disponible sur Github pour ceux qui auraient le courage de compiler et tester la démo.]
Une fois la présentation terminée, pas le temps de souffler puisque l’on avait décidé de partir à Uppsala pour le week-end, afin d’y visiter des amis rencontrés en Russie et d’y passer la fête de Valborg. Valborg, ou Walburgis, est une fête scandinave célébrant entre autres l’arrivée du printemps, un rendez-vous annuel de sorcières en Allemagne, la mise en bûcher de ces dernières et une consommation exagérée de diverses substances alcoolisées. À Uppsala, la fête est réputée comme particulièrement importante, avec en sus des compétitions d’étudiants et tout un programme traditionnel.
Après 4 heures de bus (une broutille après notre périple russe), on retrouve l’ami allemand chez qui on passera notre séjour. Son korridor se situe un peu en dehors de la ville et a surtout la particularité de n’être occupé que par des étudiants d’échange. L’ambiance est tout de suite plus vivante, avec des colocataires qui discutent entre eux, partagent vie et repas, etc. On est bien plus proche de l’esprit “Auberge Espagnole” que des silences gênants dans nos korridors suédois. D’un autre côté, ils nous ont avoué n’avoir quasiment aucun contact avec des suédois, ce qui est non seulement très dommage lorsque l’on passe une année à l’étranger, mais aussi parfois problématique lorsqu’il s’agit de s’informer sur les traditions et le programme des festivités.
Le korridor était particulièrement agité ce week-end là puisque beaucoup de gens avaient invité des connaissances. En dehors de notre groupe de Linköping (10 personnes dormant dans la chambre de notre ami, quand même!), plus d’une trentaine d’étudiants habitaient le korridor ces jours-ci, contre les 12 habituels.
Vivre un tel week-end dans un autre ville en Suède était vraiment intéressant; la vie étudiante y est très différente de Linköping. À Uppsala, tout tourne autour des nations, soit des associations d’étudiants associées aux différentes parties de Suède. Chacun des 40′000 étudiants d’Uppsala doit faire partie d’une nation des 13 nations, représentant souvent l’origine géographique de l’étudiant. Chaque nation possède un (généralement superbe) bâtiment, abritant des locaux, pubs, disco, salles de sport, etc. Les prestations et l’ambiance varie de nation en nation, comme la Stockholms nation plutôt huppée ou la Södermanlands-Nerikes nation (dîte Snerikes nation) plutôt élitiste. Dans une université vieille de plus de 500 ans (fondée en 1477), les traditions ont eu le temps de s’ancrer dans les mentalités! Outre la ville, très belle et ancienne, les bâtiments des nations datent aussi de plusieurs siècles et cela s’y ressent.
Ce premier soir, c’est à la Kalmar nation que nous nous sommes rendus. Après avoir attendu dans la queue, courte mais toujours de rigueur, on découvre une atmosphère conviviale. Le DJ, en dehors de son look ultra-metrosexuel, anime la piste de danse de chansons plutôt inspirées. Au sous-sol, un premier concert assez intime de Peter, Bjorn & John, une formation réduite de rock aux compositions personnelles tantôt énergiques, tantôt ballades tranquilles. Un second groupe prendra ensuite le relai, plus rock et plus déchaîné mais toujours original. À noter une reprise hardrock de Sexy Boy plutôt amusante, à défaut d’être vraiment réussie. En résumé, l’ambiance nous a semblé plus alternative (et mûre) et moins survoltée (et superficielle) qu’à Linköping.
Le lendemain matin, pas question de trop se reposer puisqu’il s’agit d’être en ville avant 10 heures. En effet, les bancs de la rivière traversant la ville sont déjà pris d’assauts par toute la population venue assister à la descente fluviale sur embarcation bricolée. Pour respecter la tradition, tout le monde y prend son petit déjeuner en buvant une bouteille de champagne (champagnefrukost). Malgré la température printanière, les premiers bateaux arrivent bientôt, prêts à se pavaner devant le public, arroser ses concurrents et affronter les chutes d’eau. Toute la ville est en effervescence autour de l’évènement, qui n’est pourtant que la première partie d’une longue journée.
La suite prend place aux alentours du bâtiment de la faculté d’économie (Ekonomikum), où environ 6000 étudiants se retrouvent pour manger un peu et boire, euh, beaucoup. Il suffit de remarquer que tout le monde trimballe un de ces fameux sacs verts du System Bolaget pour comprendre l’ampleur des dégâts! À 15 heures, tout le monde s’est rassemblé devant la bibliothèque pour voir le président de l’université apparaître au balcon et saluer la foule de son chapeau, immédiatement imité par les centaines de personnes présentes. Il était par ailleurs intéressant de voir qu’outre les jeunes élèves, des sexagénaires étaient aussi dans la foule pour agiter leur chapeau, probablement habitués à pratiquer ce rituel chaque année!
Ceci fait, on passe au “champagne gallop” qui consiste à se ruer vers une nation pour y recevoir un verre de champagne (oui, encore!) gratuit. Au vu de la taille de la foule, on décidera toutefois de sauter cette étape pour rentrer se reposer un moment à la maison et discuter un peu avant de repartir dans la soirée. Cette fois, c’est à Östgöta nation que nous nous rendons, soit la nation des suédois originaires de Linköping, et la nôtre! Malheureusement, la musique nous est aussi étrangement familière, puisqu’elle s’apparente fortement à celle que nous subissons hebdomadairement dans nos pubs d’étudiants. Pendant qu’on en est aux comparaisons, le bâtiment de la nation est immense et la partie ouverte ce soir-là était déjà 2 à 3 fois plus grand que les pubs de Linköping. Quand on sait qu’il y en a 3 à Linköping, mais 13 nations à Uppsala, on cerne la différence de capacité! En revanche, contrairement à ce qu’on nous avait dit, il semble permis de fumer dans les nations à Uppsala, ce qui est nettement plus désagréable… Au final, l’ambiance festive est cette fois plus habituelle, mais néanmoins chaude et sympathique de par la présence d’étudiants venus de toute la Suède!
Exceptionnellement, ce soir-là les nations ferment à 4 heures (au lieu de 1 heure habituellement). En rentrant chez notre ami à 3 heures du matin, on s’étonne d’entendre les oiseaux chanter et le soleil commencer à éclairer le ciel. À coup de 3 minutes de jour de plus par jour, la nuit risque de bientôt disparaître!Le dimanche, après un petit déjeuner et une ballade en ville, il est temps de dire adieu et repartir pour Linköping, histoire d’arriver à l’heure pour le traditionnel sauna!