– Foodp?
– T!
Avec l’arrivée soudaine de l’automne, le froid s’installe en Suède, avec des pics (ou des trous, c’est selon) à moins de 0°C certains matins et soirs. Pas encore de patinoire à vélo, mais à 10°C les australiens nous ont confié que c’était le plus froid qu’ils avaient jamais expérimenté en Australie (et de toute leur vie, la plupart n’ayant jamais vu de neige). Difficile à les imaginer par -15°C cet hiver! Le temps n’est plus très joyeux non plus, grisâtre quand le soleil n’est pas encore couché, pluvieux de temps en temps.
Quelques anecdotes avant de débuter ce long post:
- Ici, les DJs mixent… avec des CDs. Ce n’est même pas mixer à proprement parler, mais plutôt passer des chansons “type MTV” séquentiellement. Cf l’exemple de “compact-disc jokey” à Flamman.
- Par gourmandise ou simple jeu, il est devenu habituel de se retrouver pour manger avec d’autres copains (entre 3 et 5) pour le soûper. Mais quand on dit manger, il s’agit de beaucoup manger. Que ce soit une lasagne de 1kg par personne, un superbe repas équilibré mais très copieux ou une énorme salade de thon (plus de 500g par personne, 3 jours de digestion!), notre estomac est maintenant probablement suffisamment dilaté pour enchaîner deux ou trois orgies romaines sans faillir.
Tout va toujours bien, même si la récente augmentation du stress académique a quelque peu retardé l’apparition de nouvelles sur ce blog. Les laboratoires du cours de Systèmes d’Exploitation tout d’abord. Aux dires des suédois et d’un assistant au cours, il s’agit de l’un des cours les plus difficiles de la faculté. Cela semble tout à fait plausible, après avoir passé 1 mois par labo et laborieusement fini le second la semaine passée, alors qu’il y en a 4 en tout et que les deux derniers sont censés être les plus durs et longs. Pour rappel, il s’agit de compléter le code C++ de NachOS, un OS “jouet” tournant en tant que processus (i.e. on ne boot pas vraiment la machine avec). Le premier lab nous a fait implémenter des outils de synchronisation (lock, semaphore, condition, bounded buffer) utilisés par la suite dans le système. Le second lab a consisté en la réalisation de la gestion des System Calls, qui sont des exceptions déclenchées par un programme voulant accéder à des ressources du système (fichiers, console, etc). C’est aussi peu trivial que ça en a l’air, tout en étant passionnant (hormis les éternelles segfaults — segmenteringsfel en suédois, comme on l’a rapidement appris).
Bien sûr, nous avons aussi d’autres cours à suivre en parallèle comme celui de C++ avancé, passionnant et qui s’est (malheureusement déjà) fini en apothéose avec la redéfinition des opérateurs new et delete d’une classe faite maison afin d’allouer en bloc une grosse plage de mémoire pour une grande quantité d’objets. Difficile à déterminer ce qui faisait le plus peur: le code présenté ou la remarque du prof qu’il a vu cette manipulation appliquée en production chez Ericsson… Et pour ceux qui n’ont rien compris aux deux derniers paragraphes, pas de panique c’est normal, mais il est temps d’éteindre le Bigdil (effrayant cet extra-terrestre qui s’agite, sans parler de son son pote tout vert à l’écran) et de reprendre la lecture.
S’il est quelque chose de fondamental que nous avons appris en informatique commerciale ici, c’est bien que Access est de loin le plus mauvais produit de micro$oft. Contre-intuitif, buggé, stupide, mal pratique, aléatoire, bricolé ; à côté Windows ME passerait pour un vrai système d’exploitation. Pour signifier notre dépit aux responsables ayant choisi ce “logiciel” pour le projet du cours de base de données, nous avons décidé d’agrémenter la présentation du menu dudit projet d’une illustration… Christopher et Alexei n’ont pas hésité à faire de même.
Mais comme toujours, le meilleur vient à la fin. Vous l’aurez deviné (probablement pas, mais faites semblant pour la réthorique), il s’agit du projet du cours de génie logiciel. Si les cours étaient violemment soporifiques, le projet, lui, réveille. En résumé, il s’agit d’une simulation de projet réel avec des assistants jouant les rôles d’instructeurs et de clients, 8 personnes par équipe, chaque équipe travaillant sur l’un des trois composants d’un système. Le but du système (i.e. du produit final) est de fournir un service de type sj.se (ou cff.ch pour les suisses) qui calcule un horaire de trajet optimal. Pour être précis, le système doit être meilleur que les systèmes existant, puisqu’il doit proposer des fonctionnalités supplémentaires, comme la réservation en groupe (avec la recherche de l’arbre des trajets correspondant lorsque les gens viennent de ou vont à des endroits différents). Notre composant, “Optimisation Algorithms”, est chargé de la détermination du meilleur chemin entre plusieurs points ; les autres se débattent avec l’interface utilisateur et la base de donnée, le tout tournant dans un servlet Java et communiquant par appel de méthodes.
Après avoir échangé mon rôle temporaire de Project Leader pour celui non moins actif de Design Architect, j’ai pu me rendre compte de l’ampleur du travail. Meetings de 3-4h à répétition avec le groupe, les architectes des autres composants ou le “steering committee” du système, je deviens malencontreusement responsable de la rédaction des Requirement Specifications (qui n’ont rien à faire avec mon rôle dans le projet). Bref, un départ chaotique et chargé mais qui devrait s’assainir avec la suite du programme…
Heureusement, tout ce stress ne suffit pas à nous décourager de faire la fête. Une Kravall, intitulée Le Mans, avait lieu le jeudi soir (7 octobre). Comme d’habitude, la soirée a débuté par une pre-party, cette fois organisée par et chez un ami anglais et sa voisine suédoise. Résultat, une dizaine d’étudiants d’échange et une dizaine de charmantes suédoises qui bavardent. L’occasion de découvrir le vin en brique (de quoi faire peur à tout suisse qui se respecte!) et exercer nos talents linguistiques respectifs en parlant suédois avec des suédoises répondant en français… Au final, une fête très sympa qui a laborieusement migré jusqu’à la Kravall proprement dite, toujours aussi insolite, mais interrompue par une fausse alarme incendie qui a forcé les centaines de participants à sortir et patienter dehors 20 minutes par 3°C de température…
Hormis la Kravall, ce jeudi soir a aussi vu débarquer deux copains de notre classe de l’EPFL, venus passer un week-end prolongé en Suède avec nous. Arrivés trop tard pour la Kravall, on a néanmoins rattrapé le coup en fêtant les vendredi et samedi soir dans les korridors et aux différents pubs d’étudiants. Amusement intensif, mais il fallait bien leur donner un aperçu de notre vie ici. Nous les avons donc aussi gavé aux köttbullar, burritos, pizzas et autres mets locaux en quantité surhumaines, ce qui nous a aussi permis de remarquer que nous mangeons bel et bien trois fois plus qu’un suisse non-entraîné.
Pour occuper nos visiteurs, nous avons aussi visité un musée d’aviation jouxtant l’aéroport militaire se trouvant à 5 minutes en vélo de nos logements. Moins ringard que prévu, il présentait un certain nombre d’avions des différentes guerres mondiales (principalement les deux premières…), et d’autres modèles plus ou moins récents. Je ne suis pas un grand fan de ces machins à tuer, quelque bruyantes et techniques qu’elles fûssent, mais les fans — nombreux dans notre famille — trouveront certainement de quoi se polir les mirettes dans la galerie de photos prises expressément pour eux!
La vraie partie sportive de la semaine suivante (11-15 octobre) a résidé dans la fin de la rédaction des Requirement Specifications pour le projet de génie logiciel (pour mercredi), l’organisation du Milk Bar lors d’Intervallen (la Kravall organisée par les étudiants d’échanges) le jeudi soir de 17h à 5h30 du matin, et l’examen de bases de donnée le lendemain matin, vendredi, à 8h (avec les tentatives de révisions qui allaient avec). D’aucuns pourront arguer de la folie de cette entreprise, mais j’ai tout de même réussi à terminer l’examen en 1h45 sur les 4h disponibles avec seulement 1h30 de sommeil dans le sang. Update: les résultats sont parus ce matin, j’ai reçu un C sur l’échelle ECTS, ce qui équivaut environ à un 5 (sur 6) sur l’échelle EPFL. Un résultat confirmant l’efficience de l’expérience, qui fût très amusante, contre toute attente.
Seul bar ne servant pas d’alcool (aucun barman n’avaient pas le droit d’en boire de toute façon), notre Milk Bar a tout de même eu un franc succès avec ses différents milkshakes et sodas. Avec deux suisses allemands et trois allemands, nous avons assumé tout le travail, de l’organisation des boissons au service, en passant par la peinture de l’affiche, la décoration du bar, l’impression des t-shirts, le shopping (30l de sodas et autant de glaces, melons, etc) et le look des barmen (oui, l’un des suisse allemands porte bien une jupe)!
Comme déjà dit plus haut, mon travail sur le projet de génie logiciel a largement excédé le domaine de mon rôle et les limites du raisonnable en termes de temps. J’ai donc décidé de laisser le reste de l’équipe travailler un peu et ai décommandé ma présence au meeting de mercredi soir (20 octobre) pour aller aider les autres bar leaders (suédois) d’Intervallen à finir les restes de cidre et de bière… au sauna! Eh oui, dans Kårallen, le bâtiment central de la vie estudiantine, au fond d’un dédale de corridors, on trouve un sauna confortable, avec une salle attenante boisée et dotée d’un robinet à bière pression! Un peu à la manière d’un carnotset en Suisse, à la mode suédoise… L’ambiance est toujours aussi agréable, quoique difficilement soutenable lorsque le thermomètre a atteint 100°C après 3h de sauna.
Pour finir, on reçoit ces jours des nouvelles des copains de Suisse. Entre échecs et réussites, il y a toujours des déceptions mais tout le monde semble bien motivé pour reprendre l’année! Et tant mieux, car pour eux, la rentrée s’est faite lundi… En même temps que notre première session d’examen terminant la première période (sur 4)! À tous ceux qui lisent ces lignes, bonne chance pour cette année académique et à bientôt pour des retrouvailles en Helvétie!